FMI médecin malade (Monde diplomatique)

Publié le par Guy Pagès

dimanche 30 septembre 2007

Le FMI, médecin malade

L’élection, le 28 septembre, de Dominique Strauss-Kahn à la tête du Fonds monétaire international (FMI) témoigne de la rencontre inattendue entre deux éclopés : une gauche européenne en faillite et une organisation financière internationale disqualifiée.

Il faut que le Parti socialiste (PS) soit dans un bien piteux état pour que l’accession d’un de ses dirigeants à la tête d’une institution qui sert d’instrument au capitalisme le plus doctrinaire puisse être présenté par M. François Hollande, premier secrétaire du PS, comme un motif de fierté particulier. D’autant que l’« élection » de M. Strauss-Kahn n’a rien de démocratique, les pays riches disposant de beaucoup plus de voix que les autres au sein du FMI (1) . L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est déjà dirigée par M. Pascal Lamy. Ce sont donc désormais deux socialistes qui vont devoir promouvoir le libre échange et le monétarisme...

Mais le FMI est un médecin malade. La brutalité stupide des « traitements de choc » qu’il a infligés à nombre d’Etats en difficulté — dont l’Argentine, la Russie, les pays d’Asie du Sud-Est — ont fait de lui une organisation honnie dans le monde entier. Pour ne plus avoir à faire appel à ses « secours », les gouvernements préfèrent remédier par eux-mêmes à leurs douleurs financières ou solliciter l’aide de pays gorgés de devises comme la Chine, la Corée du Sud, le Venezuela. Mais dès lors que plus personne ne veut être un jour débiteur du FMI, les recettes que l’institution tirait des intérêts de ses prêts se sont écroulées. Au point qu’elle est devenue... déficitaire.

Un des camarades de parti de M. Strauss-Kahn, M. Henri Emmanuelli, a récemment admis sa perplexité : « Je m’interroge pour la possibilité pour un socialiste, compte tenu de ce qu’est le FMI, de s’épanouir à la tête de cette institution. »

(1) Les Etats-Unis contrôlent 16,79% des droits de vote, l’Inde 1,89%.


Pour mieux comprendre le FMI, vous pouvez écouter l'intervention de Dominique Plihon, professeur à l'Université de Paris Nord et membre du conseil scientifique d'ATTAC.



Publié dans Actus-Politique.....

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article